Histoire d'une attente (en résumé, mais pas en version courte !)
Edit du 15 avril 2010
Je suis née le 1e août 1987, j'ai donc 22 ans.
Il est né le 17 janvier 1980 et a donc entamé la trentaine.
Nous nous sommes mariés le 19 mai 2007, nous avions déjà décidé de mettre en route un bébé "quand il sera titulaire". Lors de l'échange d'alliance, à la Mairie, je ne sais plus bien ce qu'on a dit - nous n'avions pas préparé de voeux et avons été pris de court - mais on s'est promis des enfants.
En octobre 2007, lors de mon rendez-vous chez la gynécologue, nous avons pris la décision irrévocable : le bébé n'attendrait pas, nous étions prêts. J'ai demandé le retrait de mon implant. Pourtant, mon Homme restait inquiet : et si je ne suis pas titularisé ? Si je perd mon boulot ? Mais finalement, l'envie d'un enfant est la plus forte, pour nous deux.
En décembre 2007/janvier 2008, nous avons déménagé à 1000 kilomètres : direction le nouveau poste de Chéri.
En mai 2008, j'ai un retard de règles. Je me fais 1000 films, et au vue des tests pipi négatif, pour notre premier anniversaire de mariage, nous allons faire une prise de sang. Et nous y croyons si fort !
Le résultat est négatif sans l'ombre d'un doute.
Mon médecin traitant me prescrit du Duphaston : probablement un kyste fonctionnel, tout va redevenir normal. Je suis réglée, mais le cycle suivant, ma courbe ne montre pas d'ovulation. A nouveau, mes règles ne se montrent pas.
Je prends rendez-vous chez ma gynécologue. Dans l'intervalle le médecin traitant me donne du Duphaston. Entre avril et octobre, date du rdv, je n'ai mes règles que deux fois, et un syndrome prémenstruel galopant tandis que je prends du poids à toute allure...
En octobre 2008, je vois donc ma gynécologue : sa position est claire. Elle considère comme une erreur médicale que de chercher ce que j'ai ou me traiter de façon à faciliter une grossesse "dans mon état". Il faut que je perde 30 kilos (35 en tout, 5 déjà perdus de ma propre initiative à ce moment-là), elle me donne 6 mois.
Après un coup au moral et une période de doute, ma décision est prise : je suis au régime (ou plutôt je persiste et renforce). Par contre, je me donne le temps dont j'aurais besoin, un objectif aussi court me paraît décourageant.
Dans l'intervalle, elle accepte le Duphaston, pour me permettre une vie à peu près normale, sans ce fichu syndrome prémenstruel.
Pour elle, et alors que tout fonctionnait au même poids, mon surpoids est la cause du problème. "Revenez me voir quand vous aurez maigri, et d'ailleurs vous serez sûrement enceinte toute seule d'ici là".
Renseignements pris auprès de mon médecin et d'études, une perte de poids de 10% (au maximum, bien des études sont moins sévères) suffit à régler les problèmes hormonaux si le poids en est la cause. J'ai perdu 10% de mon poids en 3 mois, si mes souvenirs sont bons, sans changement majeur. Mais soit, je continue : quand je reverrais ma gynécologue, elle n'aura aucune raison de me refuser son aide.
En décembre 2008, il est titulaire, et rétrospectivement, comme nos inquiétudes furent dérisoire ! De cette leçon, j'ai appris, et j'arrive en général à oublier totalement qu'un bébé sera considéré comme une catastrophe plus qu'une joie par ma famille.
En février 2009, miracle ! Pour la première fois depuis avril 2008, j'ovule. Enthousiaste et confiante, je renonce au Duphaston ce mois-là (je l'ai régulièrement pris plus tard dans l'espoir d'être réglée naturellement, allongeant la durée moyenne de mes cycles, ce qui explique que j'en sois à C15 à presque 20 mois d'essais), persuadée que tout fonctionnera. Erreur ! Mes règles n'arrivent pas sans l'aide de "l'ami Dudu". Puis, en avril et mai, j'ovule correctement de nouveau, mais sans oser arrêter le Duphaston, qui semble me garantir un fonctionnement normal : des règles tous les 27/28 jours, des ovulations régulières - mais pas systématiques.
Dans l'intervalle, J. a passé un spermogramme, à sa demande. Si le résultat n'est pas catastrophique, il n'est pas bon non plus. Le diagnostic d'asthénospermie pointe le bout de son nez, mais sera encore à confirmer j'imagine, après une nouvelle visite chez ma gynécologue.
J'attends d'être à mon objectif (normalement, d'ici mes 22 ans) pour prendre rendez-vous : j'ai trop peur de me faire jeter. J'imagine donc que je la reverrais à nouveau en octobre, soit pour nos deux ans d'essai. Elle n'aura alors aucun argument à opposer à notre désir d'examens et d'aide pour mettre fin à cette attente interminable.
En août 2009, je revois ma gynécologue, après avoir perdu tout le poids demandé, et même un peu plus. Pour elle, une grossesse naturelle n'est pas impossible. Mais la probabilité n'est pas suffisante pour "laisser faire la nature" : la solution, à son avis, c'est l'IAC. D'un côté je suis extrêmement soulagée que nous soyons pris en charge. De l'autre, j'aimerais tellement ne pas avoir à en passer par "là". Quelques prescriptions d'examens plus tard, elle nous souhaite bonne chance auprès du centre de notre ville : bien que spécialisée en fertilité, elle est trop loin pour nous suivre.
Les prises de sang, de J. comme les miennes reviennent normales. L'hystérosalpingographie est très bonne.
Le 30 octobre, J. fait le second spermogramme, qui confirme l'asthénospermie.
Le 27 novembre, nous rencontrons pour la première fois gygy PMA, que nous appellerons dans ses pages par son prénom, Driss. Driss a l'air compétant... Il veut une IAC pour nous mais nous prévient : la commission peut demander 3 cycles de stimulation simple avant. Nous attendons le verdict.
Pour nous, ce sera deux cycles de stimulation, pour tenter le coup avant de passer aux IAC, car rien ne presse : je suis jeune.
A C24, en janvier 2010, je démarre donc sous Clomid, Ovitrelle et Utrogestan. Je ne réponds pas correctement au traitement : trop de follicules et un endomètre "quasiment inexistant". Vu le résultat, le Centre ne compte pas cette tentative comme un essai. Ce mois-là, J. est hospitalisé en psychiatrie pour dépression réactionnelle à un harcèlement au travail, durant un mois.
Nous voilà donc en mars à C26, et je débute un protocole avec Puregon 50 unités de J3 à J12 et Ovitrelle à J13, puis Utrogestan. L'échographie de J12 (la dernière du cycle) montre trois follicules : un petit rikiki, un de 12 mm et le dominant de 16 mm. L'endomètre est à 8 mm. Les choses partent bien, résultats le 29 mars... et pourtant c'est négatif, malgré du retard et une courbe de folie... Mais J. ne va pas bien du tout, pas le temps de pleurer.
Nouveau cycle au 3 avril. Puregon 50 unités à nouveau de J3 à J12 et déclenchement pour une ovulation à J13. Deux beaux follicules (un de presque 20mm, l'autre à 16mm) et un plus modeste. Endomètre à 8,3mm. Tout se passe bien, et le muguet nous apportera peut-être le + tant attendu au 1e mai...
Comme toutes les personnes dans notre cas, je vois les grossesses autour de moi, la vie continuer, les ventres s'arrondir, les premiers cris retentir. Comme beaucoup de personnes dans mon cas, je ressens de la tristesse, de la jalousie, de la colère, et j'ai honte.
J'entends les "bébés accidents" et les "c'est arrivé si vite, on ne réalise pas".
Mais je sais qu'un jour, je serai la femme au gros ventre et grand sourire. Je sais qu'un jour, peut-être, sûrement, je ferai grossir une boule dans la gorge de femmes que je croiserai, sans le soupçonner, comme elles ne soupçonneront pas l'attente...
Je sais que je serais Maman, et même si la route est longue, entre les averses, parfois il y a du soleil.
A suivre...